COLLECTER
La collecte consiste à récupérer le matériel inexploité ou mis au rebut par les structures culturelles et les artistes.
Qu’est-ce qu’on collecte ?
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Tout le matériel technique : son, lumière, câbles, etc.
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Les structures : scènes, chapiteaux, etc.
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Les décors et matériaux utilisés pour les fabriquer : feuille de décor cinéma, rideaux, tapisserie, bâches, bois, métal, etc.
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Les objets et mobiliers,
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les costumes, etc.
- la matière brut
Auprès de qui ?
Toute structure publique ou privée, qui participe à faire vivre la filière culturelle sur un territoire comme :
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les musées, les théâtres,
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les cinémas,
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les opéras,
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les festivals,
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les salles de concert, les radios,
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les centres socioculturels, etc.
La notion de territoire est importante car, pour que la collecte atteigne son objectif écologique, le transport ne doit pas générer d’impact environnemental supplémentaire.
Comment collecter ?
Il existe deux possibilités :
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la structure culturelle vient déposer le stock dont elle souhaite se débarrasser directement à la ressourcerie. Dans ce cas-là, c’est gratuit.
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la structure culturelle fait appel à la ressourcerie pour venir collecter le matériel dans ses locaux. La collecte est alors payante car cela implique des frais logistiques (transport, manutention) pour la ressourcerie. La structure s’engage tout de même à démonter ses décors, voire parfois à conditionner les matériaux pour faciliter le travail des ressourciers.
Dans tous les cas, un travail préalable est mené par téléphone ou sur place, avec la structure culturelle afin de dresser un premier inventaire (audit) des matières et matériaux mis à disposition. La ressourcerie se doit d’être vigilante sur ce point car elle n’a pas vocation à se substituer à une déchetterie !
VALORISER
La valorisation consiste à déterminer le sort de la ressource sous-exploitée.
Les éléments collectés sont triés, réparés, nettoyés, décomposés, pesés, répertoriés pour en faire de nouveaux supports de création.
Dans le circuit classique du matériau, il existe trois options :
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Réparer
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Valoriser
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Jeter
L’atelier de réparation
L’équipe de valoristes et techniciens fait son possible pour réparer le matériau qui ne fonctionne plus, l’objectif étant de remettre la ressource en état de marche. C’est par exemple le cas pour le matériel électrotechnique (enceinte, table de mixage, spot lumière, etc.).
L’upcycling
L’objectif est de retirer la fonctionnalité première d’un objet désormais inutilisable pour lui offrir une autre fonctionnalité par un processus de transformation. Un ancien décor de théâtre trouvera par exemple un nouveau souffle une fois transformé en bar rétro pour un festival.
La ressourcerie conseille les structures et artistes qui viennent se fournir chez elle et met parfois à disposition des espace de revalorisation pour que le.a professionnel.le travaille directement son projet sur place.
Le reyclage
En dernier recours, si l’objet n’est pas réparable ni réutilisable, il est recyclé et transféré vers la filière déchet appropriée.
Globalement pour la filière culturelle, 90% des matériaux sont réemployés et 10% partent à la déchetterie pour être recyclés.
Le saviez-vous ?
Certaines ressourceries culturelles vont jusqu’à décomposer l’objet ou le matériau récupéré pour le remettre à l’état de matière. Par exemple, pour une porte de décor de spectacle constituée de menuiserie – un cadre de bois – d’un tissu pour les rideaux et de perles cousues sur ce tissu, le.a valoriste va découdre les perles, désagrafé le tissu, désosser la structure de bois en prenant soin d’enlever tous les clous et trier les planches de bois en fonction de leur taille. Dans ce cas, la ressourcerie se rapproche plus d’un magasin de matières, on parlera alors de mathériauthèque.
REDISTRIBUER
Une fois les matériaux revalorisés, ils sont exposés pour vendus ou loués auprès des professionnels du secteur.
Le matériel retrouve alors une seconde vie !
La vente
Le prix de vente est fixé en fonction de plusieurs critères (état global, rareté, etc.) mais il reste symbolique et bien inférieur au prix d’achat neuf d’un matériau. Dans la perspective de développer un modèle économique viable, la vente fait partie des recettes d’une ressourcerie. Cependant, c’est bien l’idée d’une économie sociale et solidaire qui prime, plutôt que la logique de rentabilité.
Certaines ressourceries fixent des prix au poids, c’est généralement le cas pour les matériauthèques.
La location
Certains matériels collectés sont très sollicités par les structures culturelles. Plutôt que de les vendre à une seule structure qui s’en servira ponctuellement, il peut être intéressant pour la ressourcerie de les garder et de les proposer à la location pour en faire bénéficier un maximum d’acteurs.
Par exemple, une banque d’accueil peut faire office de billetterie pour un festival et de buvette pour un autre.
La mutualisation
De nombreux équipements appartenant aux acteurs culturels sont souvent sous-utilisés. La ressourceries leur propose alors d’en rester propriétaire mais de leur léguer la gestion, le stockage et l’entretien. Un festival de musique qui a lieu une fois par an peut décider de mutualiser son parc technique pour diminuer ses frais de stockage et de manutention.
Quelque soit le mode de redistribution, les ressourciers doivent avoir la fibre commerciale et conseiller les acteurs pour faire tourner le stock.
SENSIBILISER
La mission solidaire d’une ressourcerie artistique et culturelle est d’accompagner les profesionnel.le.s du secteur de la culture, de la création et de l’artisanat dans l’appropriation des pratiques de l’économie circulaire et le réemploi de matériaux.
Dans cette perspective, il est nécessaire de faire preuve de pédagogie en expliquant aux nouvelles structures l’intérêt de passer par la filière du réemploi et en conseillant les professionnels qui viennent se fournir dans les stocks sur les différentes possibilités d’utilisation des matériaux en présence.
La ressourcerie peut animer des ateliers d’écoconception, lors desquels elle met à disposition des professionnel.le.s un espace et des outils.
Elle peut aussi proposer des formations dédiées à la filière culturelle. Il n’est pas rare qu’elle participe à des rencontres ou tables rondes organisées en région, lors desquelles elle se positionne en tant que référent et tête de réseau pour le secteur.